Les cinq sciences du bonheur et en quoi elles sont scientifiques
Les sciences du bonheur sont
nées avec le 21éme siècle
à la fois
·
par une curiosité des scientifiques se rendant
compte qu'en matière de sciences humaines ils étaient globalement soumis à un
biais négatif depuis l'invention de la psychanalyse par Freud cent ans plus tôt
et surtout au fait que les psychologues se préoccupaient à plus de 90% des
pathologies et seulement à 7% des états d'épanouissement et
·
grâce au développement de l'imagerie médicale
(IRM fonctionnelle) qui a permis de visualiser le cerveau en fonction en temps réel
et de balayer ainsi de nombreuses idées reçues sur ce qui était supposé -ou non-
nous rendre heureux.
C'est ainsi que l'étude du
bonheur a quitté les espaces jusque-là réservés soit aux philosophes soit au Café
du Commerce pour avoir, d'abord timidement puis de plus en plus officiellement,
sa place dans l'espace respecté des scientifiques.
L’Organisation Mondiale de la
Santé (OMS) définit la "santé mentale positive" comme un "état
de bien-être dans lequel la personne peut se réaliser, surmonter ses
tensions normales de la vie, accomplir son travail productif et fructueux
et contribuer à la vie de sa communauté."
Le courant scientifique des
sciences du bonheur connaît une ampleur considérable dans le monde et se
base sur un corpus d’études scientifiques effectuées depuis l'an 2000. Plus
de 500 études ont été publiées dans des revues scientifiques ou les
média sur le bonheur, l’optimisme, la gratitude, la satisfaction, la
générosité, les émotions positives, l’humilité, le pardon etc. et sur
leurs applications concrètes dans le monde du travail. Études
corrélationnelles, travaux expérimentaux et méthodes d’échantillonnage des
expériences sont les principales méthodologies des chercheurs. Les
grands pôles de recherche se situent dans les universités
essentiellement américaines (University of California Reverside, Harvard,
Pennsylvania, Minnesota, Ann Arbor dans le Michigan…) mais de plus en plus
en Europe (Londres, et même en France comme la récente Chaire de
Mindfulness de l’EM Grenoble). (Source : http://positiveleadership.fr)
1. La psychologie positive
La plus importante discipline
des sciences du bonheur est la Psychologie Positive qui est apparue aux États-Unis
en 1998 lors de la présidence du psychologue Martin Seligman à la tête de la prestigieuse
American Psychological Association (APA).
Différentes définitions de la
psychologie positive se succédèrent et celle qui est retenue aujourd'hui est généralement
celle de Shelly L. Gable & Jonathan Haidt, parue en 2005 dans la Review of
General Psychology, (2005, Vol. 9, No. 2, 103): "La psychologie positive
représente l'étude des processus et conditions menant au fonctionnement optimal
des individus, des groupes et des organisations."
En clair, les chercheurs
en psychologie positive étudient les traits de personnalité, relations,
conditions et institutions favorisant l'épanouissement des individus et
le développement de la société.
Aujourd'hui, les recherches en
psychologie positive, partie des États-Unis explosent dans le monde entier et révolutionnent
les relations humaines personnelles et professionnelles. La France rattrape
enfin son retard en proposant des Diplômes Universitaires (DU) de formation à
la psychologie positive.
2. Neurosciences et épigénétique
Les progrès de l'imagerie par
résonance magnétique fonctionnelle (IRMf) laissent voir notre cerveau
fonctionner en temps réel et ont ainsi permis d'observer des moines en pleine
méditation (expériences sur le moine bouddhiste Matthieu Riccard) et de
visualiser ce qu'il se passe directement dans notre tête lorsque nous éprouvons
des émotions agréables ou désagréables.
Depuis une vingtaine d'années,
ces appareils ont permis de mieux comprendre le phénomène de plasticité
cérébrale qui nous prouve que nous pouvons modifier nos comportements tout
au long de la vie. D'autre part, la découverte
des neurones miroirs dont le rôle essentiel est de nous permettre d'éprouver de
l'empathie pour nos semblables a aussi révolutionné notre rapport aux autres. Les
neurones miroirs nous permettent de comprendre à quel point nos émotions sont contagieuses
même lorsque nous ne parlons pas.
Enfin, l'épigénétique a
découvert les télomères, situés sur les extrémités des chromosomes, qui sont
essentiels pour éviter le dysfonctionnement cellulaire: leur longueur réduit
avec l'âge, la cigarette ou le stress, et par contre s'allonge lors de la
pratique bienfaisante de la méditation. Prédicteurs de notre état de santé et
de qui nous reste sans doute à vivre, la biologie des télomères attire l'intérêt
significatif grandissant de la communauté scientifique et bouleverse l'humanité
qui découvre que rien n'est figé et que nos comportements peuvent aller jusqu'à
modifier notre ADN et celui que nous transmettons à nos enfants.
Ainsi neurosciences et
épigénétique nous prouvent que nous pouvons à tout instant choisir de modifier
nos comportements et en suivant les principes de la psychologie positive
développer à partir de bases scientifiques notre bonheur et celui de ceux qui
nous entourent.
3. La mindfulness ou méditation de pleine conscience
Les études scientifiques sur
la méditation ont commencé à Harvard en 1958 sur des méditants, puis se sont
amplifiées grâce à l'utilisation des appareils d'imagerie cérébrale dans les
neurosciences et surtout à l'impulsion donnée par le 14e Dalaï Lama
en l'an 2000 (Mind and Life Institute),
pour rapprocher la science moderne du bouddhisme et permettre aux chercheurs
d'étudier le cerveau d'experts en méditation comme les moines bouddhistes et
notamment Matthieu Ricard.
En 1979, Jon Kabat-Zinn,
docteur en biologie moléculaire introduit à l'hôpital la pratique laïque de la
pleine conscience, pour réduire la douleur et leurs conséquences psychologiques
dans les pathologies graves. Peu à peu, il met au point la MBSR, un programme
d'entraînement à la méditation en pleine conscience réalisable en huit semaines
qui a pour but d'apprendre à ses patients à faire face différemment à leurs
souffrances, en découvrant leurs schémas de pensée et de réaction et en développant
une meilleur relation à eux-mêmes. En plus du stress, le programme s'ouvre au
traitement de l'anxiété, puis à celui de la douleur.
C'est ainsi qu'ouvre la
première « clinique de réduction du stress », à l'école de médecine
de l'université du Massachusetts, l'University of Massachusetts Medical School,
qui marque l'intégration officielle de la méditation de pleine conscience dans
le champ médico-psychologique.
Jon Kabat-Zinn est aujourd'hui
directeur de plusieurs institutions, dont l'association Mind & Life
Institut qui organise les rencontres annuelles entre le Dalaï Lama et les
scientifiques. A ce jour, 18 000 personnes ont suivi le programme de huit
semaines, pratiqué dans plus de 250 hôpitaux. Reconnu internationalement
pour son travail en tant que scientifique, écrivain et professeur de
méditation, Jon Kabat Zinn a contribué à l’émergence d’un mode de vie plus
serein et plus équilibré pour des milliers de personnes dans la société, dans
les hôpitaux, les écoles, l'enseignement supérieur, les entreprises, les
prisons et le sport professionnel.
Le programme MBSR utilisé dans
la gestion du stress, de l'anxiété et de la douleur, dont l'efficacité est
prouvée scientifiquement, s'appuie sur la pleine conscience qui est la pratique
de base des différentes méditations bouddhistes et que l'on retrouve au cœur
des pratiques de maîtrise de soi comme le Qi Gong, le yoga, le taï-chi et
globalement les arts martiaux, qui sont somme toute des méditations en
mouvement. (Source : https://www.mbsr-lyon.fr/mbsrh1.html)
Cette présence à soi se base
sur l'acceptation, la bienveillance et l'absence de tout jugement critique,
quelle que soit l'expérience vécue. C'est une technique laïque où l'on entraîne
régulièrement l'esprit à rester concentré. Et qui est pratiqué aussi bien dans le
secteur médico-social, l'enseignement et le monde de la santé.
4. L'intelligence émotionnelle
Pour Daniel Goleman, "l’intelligence émotionnelle est
la capacité d’identifier, d’interpréter et de gérer ses propres émotions et faire
face à celles des autres." Elle
contribuerait à 80% à la réussite de notre vie.
Quand les psychologues ont commencé à écrire et penser à
l’intelligence, ils se sont plutôt concentrés sur les aspects cognitifs, tels
que la mémoire et la résolution des problèmes que sur les aspects non cognitifs
comme l'intelligence sociale ou émotionnelle.
Ce sont Salovey et Mayer qui ont réellement inventé le terme d’intelligence émotive en 1990 qu'ils ont décrit comme "une forme d’intelligence sociale qui implique de contrôler ses propres sentiments et émotions et celles des autres, de les distinguer entre elles, et d’utiliser cette information pour guider la pensée et l’action de l’individu" (Salovey et Mayer, 1990).
Daniel Goleman, psychologue à Harvard, a ensuite écrit le best-seller populaire « Emotional Intelligence » (1995), dans lequel il a décrit les premières preuves scientifiques de l’importance des facteurs émotifs et sociaux.
Aujourd'hui une branche particulière de la psychologie
positive représentée essentiellement par la psychologue Barbara Fredrickson
s'intéresse particulièrement aux différents rôles des émotions dites positives
et négatives dans notre développement, les deux ayant leur importance mais des
rôles différents.
La bonne nouvelle concernant l'intelligence émotionnelle
est qu'elle peut se développer tout au long de notre vie.
5. La rigologie
La rigologie est une
discipline psychocorporelle mise au point en 2002 par la française Corinne
Cosseron après un tour du monde des techniques de la joie de vivre lui ayant
permis de collecter des techniques issues
de nombreuses disciplines ancestrales mais aussi très récentes.
En plus de la psychologie
positive, de la méditation et de l'intelligence émotionnelle on y trouve des
pratiques de sophrologie ludique et de yoga du rire dont les bénéfices (effets
du rire, du jeu et de l'humour sur la santé) sont eux aussi prouvés scientifiquement.
La rigologie a pour ambition de nous reconnecter au meilleur
de nous-mêmes et à celui des autres quelques soient les circonstances. Elle se
pratique dans tous les milieux, du secteur médico-social à l'enseignement en passant
par les entreprises.
Quelques études de
référence en sciences du bonheur:
·
The Nun Study
(lien entre optimisme et longévité)
·
Le ratio de Losada
(impact des interactions positives sur la performance)
·
Les forces de
caractères (repérer ses ressources pour accéder au mieux-être des
équipes)
·
La méditation comme outil psychothérapeutique
complémentaire : Une revue de question par Berghmann, C., Tarquinio, C.,
Marina, K., Strub, L
·
Mindfulness-based
stress reduction and mindfulness-based cognitive therapy: a systematic review
of randomized controlled trials par Fjorback LO, Arendt M, Ornbøl E, Fink P,
Walach H.
·
Mindfulness-based
stress reduction and health benefits. A meta-analysis par Grossman P, Niemann
L, Schmidt S, Walach H.
·
The
effect of mindfulness-based cognitive therapy for prevention of relapse in
recurrent major depressive disorder: a systematic review and meta-analysis. par
Piet J, Hougaard E.
·
The
effect of mindfulness-based therapy on symptoms of anxiety and depression in
adult cancer patients and survivors: a systematic review and meta-analysis. par
Piet J, Würtzen H, Zachariae R
·
The
effect of Mindfulness-Based Therapy on Anxiety and Depression : A Meta-Analytic
Review par Stefan G. Hofmann, Alice T. Sawyer, Ashley A. Witt, and Diana Oh
Sources :
Article de Corinne Cosseron : http://rigologie.blogspot.fr/2017/07/le-courant-scientifique-des-sciences-du.html